Jour de Colère (Une installation vidéo). 2005

De vieux téléviseurs à tubes cathodiques sont posés sur des palettes à des hauteurs différentes de façon à constituer une sorte de paysage urbain d’après la catastrophe (une émeute de téléviseurs en colère). Il y a cinq montages différents de la vidéo elle-même. Les cinq pistes sont  diffusés en boucle dans cette  installation à géométrie variable (de cinq à douze moniteurs TV ).

Les vidéos ont été filmé à l’aide d’un dispositif spécial (une sorte de camera oscura énervée). Le film dans sa version monobande a été diffusé au Ciné 104 (Pantin). L’installation a été montrée dans plusieurs lieux, entre autre : dans l’appartement de Jens Hauser (critique d’art et commissaire d’expositions), au festival Photos et Légendes de Pantin (Directeur artistique: Hervé Rabot), à LaVitrine de Limoges, à la galerie Les Filles du Calvaire à Paris (exposition: le réel, nouvel opium), au  6B à Saint-Denis dans l’exposition Plomber (commissaire: Kurt For Ever)…

Pour filmer Jour de colère, j’avais inventé un dispositif qui donnait aux images une fébrilité et une violence surprenantes. Avec ce procédé, j’ai filmé pendant des jours et des jours, le paysage urbain et l’espèce de No man’s land qui s’étend au pied de mon atelier à Pantin.

La petite ville calme de banlieue parisienne filmée depuis ma fenêtre est devenue, tout à coup, une ville bombardée. L’image semblait déchirée, arrachée, emportée, irradiée par une énergie interne… Le clignotement créait une charge énergétique dont se remplissaient les passants, les voitures, les maisons, les immeubles… Le jour où un dirigeable est passé au-dessus de la ville, le sentiment de bombardement s’est imposé définitivement. C’était six mois avant ce qu’on a appelé : « la crise des banlieues » et les émeutes de novembre 2005. La réalité enregistrée par le biais de ce dispositif est tout à coup devenue l’archive d’une guerre inexistante : un mensonge, une falsification, une fiction. Ce dispositif de filmage avait enregistré ce qui était dans l’air et qui n’allait pas tarder à arriver…Ni vérité, ni mensonge, cette réalité vibrante et déchirée accédait ainsi à la puissance du mythe archaïque de la colère de Dieu.